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Les crues historiques

Les évènements marquants

Les premières observations pluviométriques recensées dans les Pyrénées-Orientales ont été effectuées par le génie militaire de 1833 à 1845 mais on ne dispose d’une série d’observations à Perpignan et en continu que depuis 1850.

  • la crue du 20 mai 1868 : 313 mm d’eau en 95 minutes à Molitg les Bains.
  • la crue du 17 au 20 octobre 1876 : A Vinça les dégâts aux propriétés riveraines sont estimés à 5000 F soit 1 millions de francs actuels. Un train déraille, 2 passerelles sont emportées. A Villefranche-de-Conflent des moulins sont renversés, à Prades l’usine métallurgique est endommagée, Les piliers du pont de Prades sont affouillés, les arches de celui d’Eus emportés. Cette crue conduisit le service des ponts et chaussées, sous l’impulsion d’Antoine TASTU, à mettre en place un certain nombre de stations d’annonce des crues qui furent opérationnelles dès 1879.
  • la crue du 31 octobre 1891 : 228 mm d’eau en 24h à Prades et 176 mm à Vinça.
  • la crue de la Basse et Ganganeil du 26 octobre 1915 : le débit de la Basse est estimé à 280 m3/s au pont de l’ancienne RN9 qui se trouve à l’aval de la confluence avec le Ganganeil qui lui atteint 70 m3/s. On note des refoulements du réseau pluvial pour les quartiers situés en contrebas de la Basse et les hauteurs maximales sont atteintes au niveau du quai Vauban avec 1.3 m et 2.5 m dans les rues Vauban et Grande Fabrique derrière le Castillet.
  • la crue du 14 au 21 décembre 1932 : 8 jours de pluies ininterrompues.
La rue de l'hôpital de Perpignan lors de la crue de 1965
Cartes des cumuls de précipitations d'évènements marquants du département - © Météo-France

Le calme puis la tempête

Les chroniques de crues, observées depuis 1951, ne rendent pas compte de tendances bien nettes, sinon d’une sensible diminution des événements au moins équivalents à un débit de 194 m3/s (à l’aval du barrage de Vinça). Cela n’empêche cependant pas la survenue d’événements plus importants tels que ceux enregistrés en 1992 (1110 m3/s à Perpignan) ou même 1999 (876 m3/s). Même remarque pour 1940 (3620 m3/s).

L'Aiguat de 1940

"...ce qui s’est passé en octobre 1940 autour du Canigou, extrémité imposante (2785 m) de la barrière pyrénéenne vers la Méditerranée, rivalise avec les cataclysmes les plus effrayants de l’Ardèche, des hauts Gardons, de la Cèze supérieure, de l’Erieu, etc."

L’hydrologue Maurice Pardé l’a qualifié de "crue de référence", la plus violente depuis celle du 16 octobre 1763 sur les Pyrénées-Orientales

Les crues de 1940, 1992, 1999 et 2020


L'aiguat de 1940 : l'évènement de référence

L’aïguat* de 1940 (*terme Catalan pour désigner une crue importante) est la référence actuelle en termes d’inondation exceptionnelle pour le bassin versant de la Têt. Les précipitations, moyenne de l’ordre de 750 mm sur la seule journée de 17 octobre, ont été localisées sur la partie Sud du bassin versant, en particulier sur les contreforts du Canigou, générant ainsi de forts débits des affluents rive droite : sur le Cady, à Vernet-les-Bains, le débit de cette crue de référence est estimé à 300 m3/s (pour un débit centennal de 200 m3/s). (Cf. planche cumul pluviométriques ci-avant). Sur le Boulès, le débit retenu est de 635 m3/s (pour un débit centennal de 300 m3/s). A l’aval, la montée des eaux fût très rapide puisque dans la traversée de Perpignan (au niveau du pont Joffre) le niveau d’eau est passé de 1m à 5.60m en une dizaine d’heures seulement. Les débits de pointe de la Têt estimés pour cet événement sont de 2000 m3/s (+3.5m à l’échelle du pont de Millas) à Millas et 3620 m3/s à Perpignan.

Lors de l'aiguat de 1940, la rivière du Cady, habituellement large de quelques mètres, s'est transformée en torrent ravageant tout sur son passage

L’Aiguât de 1940 a marqué les mémoires. Vernet-les-Bains est une des communes les plus marquées par l’événement avec 71 pavillons rasés et 5 hôtels en partie détruits. Le Vernet et le Cady ravagent 50 Ha de vergers et pâturages. Le village de Mantet n’est plus habitable, à Olette la voie ferrée est emportée sur plusieurs centaines de mètres, à Villefranche des fermes et des champs sont emportés.

La crue du 26 septembre 1992

La crue du 26 septembre 1992 est l’événement le plus fort survenu après la crue de 1940 et depuis la mise en service du barrage de Vinça (1976). 40% (1600 km²) de la superficie du département ont reçu au moins 150 mm d’eau en 4 heures, avec des abats d'eau se déplaçant d'amont en aval et générant d’énormes dégâts. Les précipitations débutent en effet sur les reliefs vers 16 heures avec des intensités horaires très fortes (49mm en une demi-heure à Vernet les bains, 82 mm en 1h) puis, dans la soirée, elles cessent pour se déplacer vers la plaine du Roussillon où les pluies débutent vers 19h. 

Dans le bassin supérieur de la Têt, ce sont les affluents rive droite (Mantet, Rotja) qui ont connu les plus fortes crues alors que la montée fût modérée rive gauche. A l’aval, le débit à l’entrée de Perpignan (Pont Joffre) est passé de 40 m3/s à 1115 m3/s en moins de 4 heures. La retenue de Vinça lamine la crue de 1130 m3/s à 200 m3/s mais les affluents portent ce débit à 1115 m3/s à Perpignan (soit une différence > 800 m3/s). Comme le souligne l’AZI (2008), sans le barrage de Vinça les communes de la plaine littorale (Bompas, Villelongue, Sainte Marie et Canet) auraient été submergées. Sur la plaine les orages s'atténuent vers 23 heures mais à ce moment arrivent les vagues de crues des cours d'eau prenant naissance sur les contreforts du Canigou.

Un rapport de la DDAF de 1992 indique des dégâts estimés à hauteur de 400 millions de francs à l'échelle départementale, d'où la constatation de l'état de catastrophe naturelle de 27 cantons.

La crue du 12 novembre 1999

La pluviométrie a principalement affecté la plaine du Roussillon et le piémont, avec un axes de maximum sensiblement Sud Nord (Cf. planche cumul pluviométriques), les plus forts cumuls se localisant notamment à Thuir (413 mm). Avec un débit maximal d’environ 850 m3/s à Perpignan (période de retour 10 ans) cette crue est le fruit d’une contribution forte du bassin aval (avec néanmoins une contribution faible de la part du Boulès) en particulier au regard du fonctionnement en transparence du barrage de Vinça dont les lâchures sont restées comprises entre 90 et 126 m3/s. Cet évènement a provoqué des débordements de tous les cours d’eau aval rive gauche de la zone d’étude. Ainsi, de nombreux villages du secteur aval rive gauche ont été inondés. Ce fût notamment le cas de Corneilla-la-Rivière par le ravin des Coumes, de Pézilla-la-Rivière par le Clot d’en Godail et le ravin de la Berne, Villeneuve-la-Rivière par le ravin de Padrère et le Manadeil et Baho par le Manadeil. L’événement constitue donc une référence pour les affluents avals rive gauche alors que la période de retour estimée pour le débit de la Têt à Perpignan n’est que de 11 ans.

A noter également que cet événement climatique est survenu en présence de vents violents d’Est qui ont généré des surcotes en mer et donc gêné l’évacuation des eaux vers la mer, renforçant d'autant les conséquences sur les communes du littoral.
Globalement donc, depuis Arboussols et jusqu’à la mer, les communes ont pratiquement toutes été reconnues en état de catastrophe naturelle (100 communes du département) pour inondations "de plaine" (la Salanque), "par ruissèlement ou pluvial" (Perpignan), "crues torrentielles" (Thuir, Pézilla, etc.), ou encore "coulées de boues" (Castelnou, Llupia). Néanmoins, il est difficile d’établir un bilan financier précis des conséquences de cette crue en raison de la diversité des préjudices mais l’on peut retenir les ordres de grandeurs suivants :

  • Interventions d’urgence et de secours ; 10 Millions (M) de Francs (F) TTC
  • Dégâts aux infrastructures publiques ou parapubliques ; 146 M de F TTC
  • Dégâts aux biens privés : 201 M de F TTC

La crue du 22 et 23 janvier 2020

La tempête Gloria a engendré de fortes précipitations sur l'Est de la chaine des Pyrénées. La crue survenue entre le 21 et le 23 janvier 2020 est l'événement le plus fort survenu après la crue de 1940.  

Cet épisode méditerranéen est la conséquence d'un puissant anticyclone positionné sur la Grande-Bretagne avec des pressions proches des records couplé avec une goutte froide sur le Sud de l'Espagne. Cette configuration a été propice à l'installation d'un puissant vent marin qui a apporté beaucoup de pluie dans la durée.  L'épisode se distingue par sa longueur plutôt que son intensité qui offre des cumuls sur 72h au delà de 300 mm sur l'Ouest des Pyrénées-Orientales et de 200 à 300 mm sur la plupart du département. 

L'hydrogramme de crue de la Têt à Perpignan est constitué de deux pics : un franchit les 1010 m3/s le 22 janvier à 17h, l'autre, plus important, atteint un débit de 1280 m3/s. La période de retour de la crue de la Têt à Perpignan a été estimée à environ 50 ans. 

La Têt n'a que très peu débordé entre Millas et Perpignan, mais la RN 116 a été inondée sur la commune de Le Soler au niveau de l'échangeur reliant la nationale D916. Le secteur le plus impacté par la crue se trouve en aval de la commune de Bompas. Lors des deux pics de crue, des débordements sont survenus environ 1 km à l'amont et à l'aval du passage à gué de Villelongue-de-la-Salanque en rive gauche et en rive droite de manière simultanée.  Pour le deuxième pic de crue, ont vu s'inonder les communes de Villelongue-de-la-Salanque et Sainte-Marie-la-Mer en rive gauche et Canet-en-Roussillon en rive droite, pour des enjeux agricoles car les digues de Las Bigues ont assuré la protection du village. 

 

 

Et demain ?

L’empreinte d’innombrables déluges est inscrite dans le paysage des Pyrénées-Orientales dont le terrible Aiguat d’octobre 1940 qui constitue la crue de référence actuelle sur la Têt.

Plus récemment, la crue de 2005 (1000 personnes évacuées et 2 décès), celles de mars 2011 et mars 2013 qui ont compté 3 victimes sur des passages à gué (par imprudence) ou encore celle de novembre 2014 viennent nous rappeler que les risques d'inondation sont bien réels.